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« Peu de prévention contre la pédophilie en Suisse. Alors que les actes pédophiles occupent de plus en plus souvent le devant de la scène médiatique en Suisse, rien ou presque n'est entrepris dans le domaine de la prévention » (cf. 20 minutes online, 18.02.2008)
http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/18626291

« en Suisse ou en Chine l’intégrité d’un enfant ne pèse qu’une plume. A Genève, même, où un avocat pédophile avéré et condamné continue à jouir. De sa liberté et de sa profession. Il ne souille que les âmes et ne brise que les vies. Rien qui ne justifierait que l’on intervienne » (cf. Me Dominique WARLUZEL in lematin.ch, 15.06.2010)
http://www.lematin.ch/actu/suisse/enfance-encan-288913

« Le corps et le toucher sont interdépendants. Pourquoi donc, tant qu’il se manifeste entre mère et enfant, entre thérapeute et patient, entre coiffeuse et cliente, et enfin entre partenaires intimes, le toucher est-il considéré comme légitime ? En dehors de ces situations, pourquoi le toucher est-il tabou chez nous ? Pourquoi fait-il peur alors qu’il est le sens numéro un régnant sur toute notre surface ? Il est utile pour tout le monde, de se pencher un jour ou l’autre, sur son propre rapport au toucher : le toucher reçu ou donné, de qui, comment, combien de temps et quand ! Territoire privilégié pour apprendre à communiquer, à comprendre, à choisir, à se protéger et à ressentir du plaisir. Tout ce qui précède fait corps, à part entière, avec l’éducation sexuelle spécialisée mise progressivement en mots, en images et en actes au cours de ces dernières décennies en Suisse Romande »
(cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Du cœur au corps – Formons-nous, puis… formons-les » in « Vie affective, relationnelle et sexuelle des personnes déficientes mentales », Presses universitaires de Namur, p. 92, en 2006)

« LES PARENTS Vous êtes les premiers « éducateurs sexuels » de votre enfant. Alors, tendez à chaque âge, car il n'est jamais trop tard, à lui donner l’envie de trouver cela beau et bon. Encore jeune et petit faites-lui connaître son corps et toutes les parties de son corps [...]. - Ne favorisez pas seulement les amitiés entre garçons ou entre filles, permettez-leur d'apprendre à connaître des amis de l'autre sexe, même lorsqu'il s'agit de découvertes qui semblent plus osées et peut-être plus sensuelles... - Valorisez la découverte de leurs sensations, sensations parfois excitantes et racontez-les leur en terme d'un corps qui est en bonne santé et qui grandit bien (par ex. les érections). - Ne leur épargnez pas les chagrins, la jalousie, ni les découragements. - Faites des plans avec eux et ne craignez pas de les défaire. Le développement de la sexualité commence là, il y en aurait encore beaucoup à énoncer, mais vous savez cela et vous le pratiquez ou vous l'avez pratiqué, au mieux que vous le pouviez » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, Insieme - Journée d'étude de Bienne « Un pas vers l’indépendance », p. 4 + 5 (22.10.1994) in Dossier 1, « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Il y avait même les parents d'un bébé de 4 mois vivant avec une Trisomie, qui insistèrent lorsque je leur demandais s'ils voulaient vraiment déjà entendre parler de tout cela... et qui m'avaient répondu : "Nous voulons être des vôtres, parce que nous avons vu des jeunes handicapés en ville avec des comportements sexuels inadéquats et nous n'aimerions pas que le nôtre fasse de même ! Alors, nous voulons nous préparer tout de suite !" » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in « Vie affective, sexualité et intimité des personnes en situation de fragilité », CREAHI, p. 86, 27.11.2007)

« Quand on se penche alors sur les besoins spécifiques en matière de sexualité de la personne handicapée mentale on voit que, hormis la problématique de la procréation non encouragée, tous les autres rôles de la sexualité évoqués pour notre société actuelle, sont pertinents, y compris celui du plaisir pur en tant que tel, et même, pourquoi pas, sans contexte élaboré ni affectivité. […] Qu'on se le dise : parents de jeunes enfants aujourd'hui : commencez au plus tôt à parler à votre enfant de son corps, de son sexe, offrez-lui le cadeau de mieux se connaître et de construire progressivement un réseau élargi d'amis et d'autres adultes. […] je constate des décalages d'exigences entre les populations handicapées et les autres en matière de tâches maturatives. De nos jours, pour passer à l'âge adulte, le processus est long et subdivisé en tâches successives pour accéder aux maturités sexuelles, psychiques, sociales, professionnelles et économiques. Tony Anatrella estime que l'adolescence commence à 12 pour finir, (peut-être) à 30 ans (interminables adolescences). Doit-on exclure l'accession à la sexualité des jeunes handicapés sous prétexte qu'ils n'ont « pas encore » atteint les autres stades de maturation ? L'expérience montre bien que l'épanouissement affectif et sexuel peut avoir d'heureux effets-moteur sur les autres apprentissages de la vie » (cf. Françoise VATRE, Reflets n° 89 « Le handicap mental et le droit d'aimer ? », p. 16 + 25 + 26 (1995) in Dossier 2, « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Quelles responsabilités sommes-nous d'accord de lui accorder quant à l'organisation de sa vie affective et sexuelle ? [...] Parce qu'à partir de cette question fondamentale, le travail qui nous est demandé est souvent du côté de l'imagination : ainsi pourrions-nous peut-être devenir plus créatifs... jusqu'à peut-être accepter de leur part de nouvelles expressions d'amitié ou d'amour... des nouvelles formes qui nous échapperaient un peu, mais qui pour elles et eux, seraient la voie qui leur convient ? Il s'agit par ailleurs aussi d'un lâcher prise sur certaines valeurs personnelles qui, appliquées trop rigoureusement à l'égard des adolescents(es) vivant avec un handicap mental, les confortent dans leur état de dépendance. Je vous avoue, en toute modestie, que parler en théorie est bien plus facile qu'accompagner dans la pratique. Si la théorie oriente la pratique, la pratique remet continuellement la théorie en question. [...] Mettre des mots et des compréhensions sur le corps en transformations, et dans l'idéal déjà bien avant, déjà avec l'enfant tout petit et en répétitions continuelles... mettre des mots et poser des actes en conséquence, réduit un peu la violence faite à l'histoire du jeune adolescent handicapé dans son corps, car même si son désir de grandir était réel, les changements de la puberté se font sans lui, sans en être le maître puisqu'il ne peut les contrôler » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, « Affectivité, sexualité, adolescence... Points de ruptures, points de repères », p. 12 + 13 (octobre 1998) in Dossier 4, « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Je suis entrée en contact avec Alain par l'intermédiaire de sa Gestalt-thérapeute. Il a été diagnostiqué autiste profond. [...] Sa thérapeute, qui le connaît depuis sa plus tendre enfance, le reçoit chaque semaine pour des séances de massage au cours desquelles elle le masturbe. Après des années de soutien thérapeutique attentif, minutieux, efficace et chaleureux, Alain se laisse maintenant toucher et consent, dans une certaine mesure, à entrer en contact avec autrui. Sa mère, m'ayant vue lors d'un débat télévisé, a demandé à la thérapeute de son fils de prendre contact avec moi. En effet, Alain, de plus en plus préoccupé par des érections régulières, se presse et se frotte avec insistance contre elle, contre sa thérapeute et aussi contre les aides-soignantes. Il tente en vain de se masturber, mais parvient tout au plus à se blesser. Son entourage souhaite lui offrir la possibilité de rencontrer une femme susceptible, entre autres, de lui apprendre à se masturber, d'autant qu'il établit une corrélation directe entre ses passages à l'acte hétéroagressifs et autoagressifs et sa sexualité insatisfaite » (cf. Nina de VRIES [assistante sexuelle et formatrice] in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 99, septembre 2008)

« De manière générale, deux axes s’ouvrent à la profession d’assistant sexuel : premièrement, le rôle supplétif : donner, suppléer à ce que l’autre ne peut faire lui-même ; deuxièmement, le rôle éducatif : favoriser tout ce qui peut accroître l’autonomie de l’autre dans un domaine important de la vie. A coup sûr, ces deux rôles devront être remplis et garantis dans la profession d’assistant sexuel » (cf. Dominique CHATTON in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 65, septembre 2008)

« au niveau de l’entourage professionnel nous travaillons dans nos sessions de formations, à la prise de conscience : […] - de la nécessité de l’éducation sexuelle spécialisée, dès le plus jeune âge de la personne vivant avec un handicap, puis à adapter tout au long de son cursus. […] A propos… et pour les personnes valides ? » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, Egalité agile « Affectivité, sexualité, intimité et handicaps… qu’en dire aujourd’hui ? », avril 2001)

« Au cours du développement de l’enfant autiste, comment va se faufiler sa croissance sexuelle ? Quelle place dans le minutage contrôlé du quotidien ? Plutôt que de la contraindre, ne faudrait-il pas plutôt d’emblée lui favoriser un canal d’expression, avec des habiletés bien ancrées, verbalisées et apprises dès les premières années ? […] Même pour ceux et celles dont le niveau intellectuel est plus élevé, les compréhensions sont ténues et seuls les apprentissages pratiques peuvent constituer à la longue une connaissance peut-être fiable. Il est à noter que pour nous tous, dits mammifères évolués, dont le désir sexuel n’est plus uniquement guidé par l’ovulation de la femelle, l’art de séduire, de coordonner les gestes amoureux et d’accéder aux sensations de plaisir nécessitent un apprentissage conscient. […] Une éducation à des savoirs-faire apaisants se pose désormais comme un droit. Des recommandations internationales le précisent depuis des années. Anticiper avec des informations et des injonctions précises pourrait être opérant. Eduquer avec le visionnement d'un film qui représente un jeune homme en érection, respectivement une jeune femme, et qui démontre les stades d'une masturbation serait un pas utile de plus. [...] Ces actes inesthétiques, générateurs de dégoût aussi, parce que d'une intimité qui n'est pas la nôtre, nous choquent... et c'est normal d'être choqué, dans un premier temps. Maîtriser et dépasser ces réactions normales, dans un deuxième temps, devient possible en acceptant consciemment la transgression qui est d'observer les comportements, d'en parler et d'aménager des aides progressives » (cf. Françoise VATRE, AUTISME-INFOS N. 9 « Autisme et sexualité ? La rencontre de deux mystères ! », novembre 2006)

« Voici un exemple très concret, représentatif de la complexité d’une aide sexuelle spécifique au handicap mental, dans l’autisme profond. […] Ce sont des adolescents et des hommes qui vivent ou survivent en état d’excitation quasi permanente, qui ne savent comment diriger cette énergie, qui ne peuvent dépasser le point de non-retour et parvenir à éjaculer, ce qui les soulagerait de cette tension sexuelle submergeante. […] L’apprentissage « d’habiletés concrètes à la masturbation » [cf. Prof. HELLEMANS, « L’éducation sexuelle et affective chez les adolescents autistes », Dans le cadre du projet Caroline, neuropsychiatre à l’AKA, Hôpital Universitaire d’Anvers, Antwerpen, Belgique, 1996] dans l’autisme profond demande effectivement toute une mise en place, que ce soit dans la famille ou dans l’institution, pour pouvoir finement interpréter les signes exprimés, et ne pas projeter des besoins inappropriés. Si, en partenariat, le choix est fait de ne pas endormir la libido d’une telle personne avec des moyens chimiques et de respecter son droit fondamental au plaisir sexuel, ou du moins à un apaisement pulsionnel, une solide collaboration au sein de l’équipe accompagnante sera indispensable. Cette équipe de personnes, choisies dans un entourage connu mais distant (ni proche parenté ni professionnels du quotidien, et prioritairement masculine), devra s’engager comme dans les rééducations neuro-musculaires intensives, ou comme s’il s’agissait d’apprendre à jouer d’un instrument. Il est nécessaire qu’il y ait un certain nombre de participants, tant pour ne pas confiner une seule personne à cette tâche que pour répartir cet engagement sur plusieurs, et assurer ainsi une régularité. Les membres de ce groupe se relaieront pour faire répéter des gestes masturbatoires (coordination du rythme, de la force et de la durée nécessaires) et ce, en tenant la propre main du propriétaire du pénis, qui serrera son propre sexe de sa propre main. Peut-être que ces mouvements qui ne représentent pas un soin médical, mais plutôt un entraînement sportif, devraient être impulsés par l’aidant avec un gant - en n’importe quelle matière - pour garantir la « bonne » distance dans la proximité : selon les circonstances, le seul contact de la main de l’un avec la peau du dos de la main de la personne autiste, serait déjà de trop. […] Apprendre à quelqu’un à se masturber, c’est peut-être (déjà et seulement) lui faire visionner un film didactico-sexologique élaboré dans ce but-là, et grâce auquel cette personne pourrait imiter les gestes d’un modèle. Un tel programme peut paraître utopique. Cette aide entre toutefois dans le registre d’un accompagnement érotique, en tout ou en partie » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Accompagnement érotique et handicaps », Editions Chronique Sociale, p. 95 + 96, novembre 2006)

« plusieurs méthodes d'enseignement sont possibles. [...] Certains autistes ne peuvent pas apprendre en "regardant", mais en "faisant". Des proches (éducateurs, médecin, parents,) se doivent de lui prenne la main et l'aider à se masturber. [...] Il faut que cela soit un tiers qui connaisse très bien l'adolescent et que la confiance règne entre les deux parties. [...] Bien sûr, il ne faut pas commencer cet enseignement en solo mais être entouré par un team. Il est indispensable d'avoir un contrat écrit avant de commencer avec ces initiations car on a vu des cas traités en justice parce qu'il s'agissait "d'enfants en institutions". L'éducateur, le tiers doit être très prudent et se protéger » (cf. Dr HELLEMANS, « L'éducation sexuelle et affective chez les enfants et adolescents autistes », p. 11 + 12 in Dossier 4 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Parfois, on croit qu’un autiste a un intérêt sexuel parce qu’il aime caresser les endroits plutôt tendres de l’anatomie (le ventre…) mais je ne crois pas que ce soit vraiment sexuel, mais qu’il s’agit d’une attirance vers quelque chose de tendre, de doux au toucher (que ce soit un être humain, un animal, une chose). […] Comment, en effet, un adolescent autiste qui ne peut pas verbaliser peut-il exprimer qu’il a des problèmes au sujet de la sexualité […]. Ainsi ce garçon de 13 ans qui […] s’auto-mutilait le pénis parce qu’il voulait que l’érection disparaisse. Le problème a été complètement résolu lorsqu’on lui a appris à se masturber. D’autre part, parler de la sexualité à un individu qui ne comprend rien au langage va s’avérer une entreprise difficile, Mais même les plus doués ont des problèmes parce qu’ils n’ont pas les mots pour parler de cela. […] On peut constater des troubles d’apprentissage, même chez les autistes très doués. Même à ceux-ci, il faut une éducation sexuelle parce qu’ils ne vont pas découvrir cela d’eux même. […] pour les autistes, si pendant un certain temps il n y a pas eu de pratique, ils peuvent à nouveau oublier la technique de masturbation, même s’ils sont très doués. […] les personnes autistes ont souvent des problèmes pour se défendre contre quelqu’un. […] Pour enseigner la masturbation aux autistes verbaux, […] on utilisera l’éducation au niveau verbal. Si ça ne marche pas, il faudra descendre à un autre niveau : la visualisation. Par exemple, des films vidéo, (-au Speling nous avons des cassettes où l'on voit une fille ou un garçon qui se masturbe) […]. Si ce niveau n’est toujours pas concluant, il faudra descendre à un niveau plus bas, à savoir l’aide manuelle. Je reconnais que c’est difficile, mais il faut le faire. Quelqu’un prendra sa main et lui enseignera ainsi cette aptitude de la manière dont on enseigne les autres aptitudes […]. Tous les intervenants, à commencer par les parents, doivent discuter au préalable de cela. Un homme enseignera à un jeune garçon, une femme à une jeune fille, mais à l exclusion des parents pour lesquels il y a une frontière de génération. Il faut que se soit quelqu’un qui connaît très bien l’adolescent et qui a la confiance et le soutien des autres intervenant. […] Bien sûr, il faut envisager tout cela avec beaucoup de prudence et prendre en considération le grave problème des abus sexuels, et établir un contrat écrit avec les intervenants. […] les possibilités d’abus sont très grandes. […] Dans 90 % des cas, l’hyper-masturbation disparaît après un apprentissage réussi de la technique. Si celle ci ne disparaît pas, il faut reconsidérer le programme de l’emploi du temps. Il y a en effet souvent un problème d’ennui, d’où la nécessité de concevoir un programme adapté au niveau de l’autiste et y ménager des plages de repos et de tranquillité. […] Q. : Est-ce que l’on sait évaluer le traumatisme du jeune autiste dans le cas d’abus ? REP. : Je n’ai malheureusement pas de réponse. C’est un sujet qui a été souvent débattu, c’est un problème très difficile. Un autre problème est de détecter qu’un abus sexuel a été commis avec quelqu’un qui ne parle pas. Par exemple, aux Etats-Unis, on travaille beaucoup avec la méthode de la communication facilitée. Des procès pour abus sexuel ont eu lieu sur base d’affirmation faites par des autistes non verbaux par le biais de la communication facilitée. On sait maintenant que cette méthode est un non-sens, que c’est dans la tête du facilitateur que tout se passe et qu’il n’y a rien dans la communication facilitée qui provienne de l’autiste. Pourtant deux procès ont conclu à la culpabilité et à la condamnation du père sur cette base erronée. […] Q. : Vous dites que ce ne sont pas les parents qui apprennent la masturbation aux enfants. Je me rends compte que d’un point de vue psychologique, ce n’est pas évident à entreprendre pour un parent mais je ne me vois pas très bien demander à quelqu’un de ma famille de le faire. Quelles sont les conséquences si je le fais moi-même ? REP. : Je n’ai pas d’expérience de cela, donc, je ne peux pas répondre. Pour nous, c’est logique que ce ne soient pas les parents qui le fassent. Il faut chercher quelqu’un dans l’institution, dans l’école : un professeur, un éducateur. C’est aussi à l’école qu’il faut développer l’éducation sexuelle et pas seulement dans la famille, parce que sa sexualité va se manifester dans l’école aussi : il va se masturber dans la classe. L’école doit donc pouvoir être à même de répondre à ces problèmes. […] Q. : La personne chargée de l’apprentissage doit-il être toujours la même personne ? Peut-elle être liée affectivement ? REP. : En général, tout le monde n’est pas prêt à faire ce genre de chose, ce sont souvent les mêmes éducateurs et éducatrices qui vont s’en occuper. […] Q. : Peut-on quand même envisager une médication quand la sexualité est trop envahissante ? REP. : Je crois que tout le monde a droit à une vie sexuelle, la personne autiste autant que les autres. Mais parfois c’est si difficile que je peux accepter une médication pour autant qu’elle soit combinée avec une éducation sexuelle. C’est la même chose pour l’agressivité : se limiter à donner des drogues ne résout rien. Il faut toujours se poser la question de l’origine de l’agressivité, et s’interroger sur les remèdes. Il y aussi le vieux truc qui nous vient des jésuites, qui consiste en la pratique intense de sports. Cela a été confirmé dans la littérature scientifique. Faire un semi-marathon tous les deux jours, c’est plus sain que des médicaments. […] Q. : Comment apprendre la masturbation chez les filles ? REP. : J’ai effectivement parlé plus des garçons car il y a davantage de garçons autistes que de filles. Nous utilisons parfois un vibromasseur pour une fille autiste parce que c’est plus facile pour elle d’atteindre l’orgasme ainsi. Je voudrais également ajouter, et c’est aussi valable pour les garçons, qu’on ne doit pas commencer l’éducation sexuelle par les techniques de masturbation. On peut déjà faire quelques pas dans la direction, en utilisant de la crème ou de l’huile de massage, parce que beaucoup d’adolescents autistes ont une angoisse de se toucher, surtout les parties génitales. Une autre remarque importante : lorsque le jeune autiste a besoin de l’intervention manuelle d’une autre personne, lors de l’apprentissage de la masturbation, celle-ci doit rester jusqu’au climax les premières fois. Sinon on encourt le risque que le jeune autiste n’ait pas atteint le climax et s’excite encore plus, devienne agressif et rentre dans un cycle d’hypermasturbation » (cf. Dr HELLEMANS, « L’éducation sexuelle des adolescents », p. 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 + 10 + 11 + 12 + 13 + 14 + 15)






« Jusqu'où peut aller le plaisir du professionnel ou du parent, quand il s'agit de satisfaire le besoin de l'autre... mais aussi le sien ? […] Les interventions sexo-éducatives se font dans un contexte d'apprentissage sous forme de "programmes" d'éducation sexuelle et de suivis individuels. Les actes éducatifs, accompagnés de mots simples, cherchent à identifier le besoin exprimé et tentent d'offrir une réponse qui permettrait à la personne handicapée mentale d'acquérir une connaissance, une habileté, un comportement ou une technique épanouissante. On peut commencer avec les enfants tout petits ! Car l'essentiel réside dans l'idée de leur donner l'envie de trouver cela bon. Encore tout jeune, faisons-leur connaître leur corps et toutes les parties de leur corps. Il faut les nommer et leur parler de la valeur de leur corps. Qu'ils sont uniques et que leur corps leur appartient. Laissez les enfants handicapés mentaux expérimenter, encourager leur curiosité... même lorsqu'il s'agit de découvertes qui semblent plus osées et peut-être plus sensuelles... ! Valorisez la découverte de leurs sensations et racontez-les leur en termes d'un corps qui est en bonne santé et qui grandit bien. Ne leur épargnez pas les chagrins, la jalousie ni les découragements. Faites des plans avec eux et ne craignez pas de les défaire. Le développement de la sexualité et la prévention des abus commence aussi par là ! [...] je sais bien (et vous aussi) à quel point nous avons encore de la difficulté à les imaginer dénonçant les abus qui leur sont imposés. [...] je sais qu'elles subissent beaucoup plus d'abus de tout genre qu'elles n'en feraient subir. […] Les équipes éducatives et soignantes favorisent les amitiés à l'intérieur et à l'extérieur des institutions en organisant des fêtes, des repas, des concerts ; tentent de rompre certaines solitudes en aidant à rédiger des petites annonces de rencontres ; offrent des massages de détente à leurs pensionnaires (souvent prodigués par un tiers affectivement neutre). Mais elles tendent également à créer des zones d'intimité et des moments individuels, susceptibles de permettre la différenciation entre vie publique et vie privée et d'ouvrir une voie par laquelle peut-être, déposer des secrets trop lourds. Mais le plus important peut-être, et ce sera mon dernier repérage, serait de vous nommer la convivialité nécessaire entre personnes handicapées mentales et accompagnants. C'est un peu comme s'il fallait créer un climat et préparer un terrain pour que puisse fleurir la tendresse et éclore les capacités affectives enfouies. On pourrait dire que les équipes éducatives ne peuvent aider les personnes handicapées mentales à développer leurs richesses affectives, que si elles-mêmes sont aussi capables de vivre leur travail dans une ambiance amicale, affectueuse même, avec la tendresse et du plaisir qui circulent, où l'on aime se rencontrer, avoir des gestes amicaux dans un climat d'humour et de liberté. C'est ainsi que les rapports avec l'autre pourront peu à peu s'apprivoiser, que chacun osera trouver des modalités propres pour se réconcilier avec son corps, pourra inventer des gestes de tendresse pour lui et l'autre dans une saine réciprocité ! La sexualité est un langage affectif et sexuel et c'est le langage le plus fort que tout humain, handicapé ou non handicapé, puisse manifester. Si la prévention des abus sexuels et de la maltraitance peut nous ouvrir à ce langage, plutôt que de restreindre encore les libertés acquises, alors donnons place à cette sexualité : sexualité comme lieu de découverte, d'échange, d'ouverture, d'apaisement, de confiance en soi, de recherche d'identité et d'autonomie, de partage aussi. Je vous invite à prendre ce risque... "... car là où il n'y a pas de risque il n'y a pas de plaisir !" » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, « Maltraitance et abus en milieu institutionnel accueillant des personnes handicapées », p. 16 + 17 + 18 + 19 in Dossier 4 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)


« mettre en place un programme d’éducation sexuelle spécialisé pour les personnes handicapées, tous handicaps confondus à la base. […] La transformation de notre regard contribuera à réfléchir au sens de ce que l’on dit ou fait, en le reconnaissant et en le faisant comprendre. Le décalage se situe au niveau de nos représentations et de la réalité vécue par la personne handicapée. Selon la lecture qu’en fait le témoin, il y a loin des intentions réelles à l’interprétation qui en est faite, il peut y avoir décalage entre l’émetteur et le récepteur ! […] Bien évidemment cette étape de l’appréciation du décalage est la plus délicate, puisqu’on ne sait presque jamais quel est le besoin profond exprimé par l’adolescent autiste. Un risque d’erreur, d’imprévu, reste fortement possible. Nous savons que pour les moindres apprentissages de la vie courante, tout réside dans l’art de la répétition stéréotypée. Devoir, par exemple, en arriver à apprendre à cet adolescent à se masturber représente un accroissement de la nuisance d’être tiers. De ce fait, il s’agira de transgresser beaucoup, souvent, et longtemps pour ne pas le laisser dans le désarroi et la panique de la non-compréhension de ce qui se passe en lui. Ou encore prendre en compte ce qui se passerait pour lui s’il était laissé dans l’état de tension insupportable et épuisant que peut être le non-aboutissement. (le Dr HELLEMANS préconise à ce sujet, contrat limité dans le temps à l’appui, d’enseigner la masturbation verbalement, concrètement sur un objet, voire par aide manuelle directe). […] Pour établir un parallèle avec les étapes de la formation des professionnels, de quelle manière, en présence de l’autisme, pouvons-nous parler de prise de conscience, de transformation du regard, de réduction du décalage, d’augmentation des habiletés et enfin de nouvelles prises de décision ? Sans doute ces phases ont-elles lieu dans l’intimité des âmes, et les instruments pour les mesurer font défaut » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Du corps au cœur » in « Les jeunes handicapés autistes - Vie affective et sexuelle », Editions L'Harmattan, p. 208 + 209 + 213, en 2005)


« La sexualité a des liens avec le pouvoir et présente des similitudes psychologiques avec lui : la sexualité comme le pouvoir sont sources de plaisir, de changement et de mobilisation d’énergie. Le processus d’éducation affective et sexuelle, est lui-même un processus de prise de pouvoir et de séduction par la communication. C’est pour cela qu’il s’agit de clarifier les liens d’autorités institutionnalisées que mettent en œuvre les intervenants dans leurs relations aux groupes formés : nous les informons, nous les formons, nous les transformons, nous les séduisons, etc. et ensuite nous laissons retourner à leur quotidien, nus et vulnérables, d’où des suivis pour les soutenir à distance. Notre relation avec les groupes en formation peut elle-même présenter des similitudes avec la relation amoureuse. Le Dr Charles BUGNON affirme que nous accouchons des âmes et que nous « faisons symboliquement l’amour avec la classe » dans le travail d’éducation affective et sexuelle dans les écoles ordinaires. L’auteur exprime par là sa conception de l’engagement total de l’animateur en face à un groupe d’élèves. Il insiste pour dire qu’il est là avec sa propre sexualité, sans prétendre pour autant que la sexualité de l’animateur doit être révélée à la classe. Cependant dans le dialogue verbal et non verbal de l’animateur et des élèves, des processus de séduction réciproques sont en jeux. Il est difficile de distinguer, dans le travail de formation d’adultes, ce qui est de l’ordre de l’intime et du non intime, entre formateurs et formés. Là aussi, la responsabilité de l’intervenant est engagée : il demande à l’autre de faire confiance, de se laisser interpeller, d'accepter d’être transformé, voire manipulé. C’est à lui, l’intervenant, de gérer cette relation et d’entrer dans une forme de relation amoureuse où il évite le contre-transfert, c’est-à-dire où il développe le désir altruiste, en essayant de maîtriser au maximum son désir égocentrique. C’est à cette seule condition que l’éducation affective et sexuelle sert l’intérêt de l’éduqué. Cependant, il faut reconnaître que dans toute relation, fusse-t-elle amoureuse ou pas, l'altruisme épuré d’égocentrisme est impossible. L’intervenant trouve aussi son intérêt existentiel, mais d’un point de vue éthique, c’est le déroulement du processus éducatif et la satisfaction de la compétence à gérer ce déroulement, au service de l’autre, qui devraient primer. Dans ce processus, l’attitude critique devrait toujours être maintenue en éveil, pour recentrer l’objectif de l’intervention et la mettre au service de la personne éduquée. Cette attitude critique est nécessaire puisque la relation éducative, particulièrement dans le domaine qui nous concerne, comporte toujours des risques de dérives par rapport aux objectifs prioritaires. D’où la nécessité d’une formation continue et d’une supervision régulière et méthodologiquement fondée. […] Le dépassement des peurs implique qu’au-delà de la reconnaissance des différences, ce sont aussi nos similitudes avec les personnes handicapées mentales que nous acceptions. Reconnaître qu’elles ont des manques, c’est aussi reconnaître nos propres manques et en cela, notre similitude anthropologique avec elles. Les évolutions, les acquisitions et les développements qui surgissent dans le processus éducatif, les rapprochent, augmentant leurs similitudes avec les intervenants. Cependant, ici encore, il s’agit que l’intervenant ne se positionne pas comme norme à atteindre pour la personne handicapée. Il s’agit de reconnaître, malgré les similitudes, que l’on cherche les individualités dans le vécu de la sexualité » (cf. Michel MERCIER, Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, Revue francophone de la déficience intellectuelle « Eléments pour une éthique de l'intervention en éducation affective et sexuelle auprès des personnes vivant avec un handicap mental », Volume 13, Numéro 1, p. 88 + 89, juin 2002)



« on ne sait de loin pas toujours quel est le besoin profond exprimé par l'enfant concerné. S'il est vrai qu'un bon nombre de gestes et manifestations sexuels sont repérables, bon nombre aussi de ces comportements ne sont peut-être que des actes-miroirs de ce que l'on imagine pour lui » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, « Faut-il leur en parler ? Enjeux d'une éducation sexuelle spécialisée » in Psychoscope , vol. 25, 4/2004)


http://www.psychologie.ch/fileadmin/user_upload/dokumente/archiv-psc/PSC_4-04.pdf



« Nous sommes immanquablement emportés vers nos résonances individuelles, et la question de la vie affective et sexuelle dans le large champ des handicaps, nous oblige de participer à un processus d’ouverture, d’introspection et de recherche. […] Dans ce domaine aussi personnel, intime, pudique et encore si peu verbalisé tant par les intéressés eux-mêmes que par leur entourage, il s’agit de courir quelques risques : celui de rompre le silence pour informer, celui d’anticiper une demande qui ne peut être formulée selon nos codes d’expression, celui de permettre la participation personnelle de la personne concernée, et souvent celui de devoir aider directement pour qu’un peu de mieux-être se vive. […] L’éducation sexuelle spécialisée sera majoritairement centrée sur la facilitation à mettre en mots et en actes adéquats l’énergie vitale qui traverse l’enfant, l’adolescent, l’adulte concernés, afin d’établir des relations humaines plus respectueuses du territoire sexuel, affectif et social de chacun » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, p. 9 + 10 + 13)

http://www.insieme-ge.ch/documentation/bulletins/bulletin2006.pdf








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